Partie Première : L'Angenoir
Chapitre 1 : Les oeufs
Il était encore très tôt et le soleil n'allait pas tarder à se lever sur un monde inconnu du reste de l'univers, un monde caché des autres, pourtant, un monde sans lequel les autres mondes n'existeraient sans doute plus. C'était un monde plutôt petit comparé aux autres, les océans en couvraient une bonne moitié, l'autre moitié étant constituée principalement d'une immense forêt clairsemée de quelques prairies qui, comparées à la taille de la forêt, n'étaient en réalité que de vastes clairières.
A une centaine de kilomètres des côtes, une jeune femme courrait. Aucun humain n'aurait pu courrir à la vitesse à laquelle elle se déplaçait, d'autant plus qu'elle se trouvait dans une partie assez dense de la forêt. Elle était magnifique, ses cheveux blonds flottaient au vent, ses yeux bleus dégageaient une énergie fulgurante, sa peau, sur laquelle perlaient quelques gouttes de sueur, était d'une clarté cristalline et ses oreilles fines et pointues trahissaient ses origines : elle ne pouvait qu'être une elfe.
Elle se dirigeait en direction d'une clairière assez grande dans laquelle siégeait une petite chaumière construite en bois dans un style très typique des elfes.
Elle les avait vus, ils allaient bientôt arriver, elle devait le prévenir. Sa joie augmentait d'autant sa célérité. Elle évitait les buissons, slalomait à travers les arbres, posant ses pieds nus là où le sol ne pouvait la meurtrir et ne laissait aucune trace derrière elle.
Arrivée à la clairière, elle la traversa pour se jeter sur la poignée de la porte de la chaumière qu'elle ouvrit dans son élan. Là se trouvaient une table ronde sur laquelle étaient éparpillés quelques papiers et une bougie à moitié consummée, trois tabourets et quelques étagères suportant chacune plusieurs ouvrages anciens, le tout en bois et réparti de façon très harmonieuse. Et dans un coin, un lit dans lequel dormait profondément un elfe qui aurait bien dormi plus longtemps.
Elle reprit sa respiration, se pencha sur l'elfe et murmura :
- Réveille toi, c'est l'heure, ils arrivent.
L'elfe à ces mots, se réveilla en sursaut :
- Hein ! Quoi, déjà ?
- Oui, dépêche-toi, dit-elle en souriant.
Il se leva et s'habilla rapidement, enfilant une longue robe verte. Elle l'attendait déjà dehors et il la rejoignit très vite.
- Alors ça y'est, ils arrivent, je ne les attendait pas si tôt, déclara t-il.
- Tu sais bien qu'on ne peut jamais prévoir quand ils arrivent. Dis plutôt que tu as le trac pour ta première fois, répondit-elle dans un rire enjoué.
Ils allaient entrer dans la forêt et, comme à son habitude, il jeta un dernier coup d'oeil en direction de l'habitation qu'il avait construite de nombreuses années auparavent. Il se retourna vers la jeune femme et soupira :
- Tu as sans doute avoir raison.
Et ils avancèrent à travers les arbres.
La forêt se fit de plus en plus dense et ils empruntèrent des sentiers qu'eux seuls connaissaient, invisibles à toute autre personne. Plusieur minutes s'écoulèrent et le soleil était sur le point de se lever lorsqu'ils arrivèrent à un petit bosquet dissimulé par de nombreux buissons et plantes grimpantes.
En son centre, se trouvaient dix oeufs. Huit d'entre eux présentaient de très fins motifs argentés représentant des ailes les recouvrant. Ils étaient d'un blanc opalin et devaient mesurer pas loin d'un mètre de hauteur. Le neuvième était similaire mais une légère brume rose se propageait autour de lui. Quant au dernier, il était d'un rouge écarlate, deux fois plus imposant que les autres et les motifs le recouvrant étaient très différents de ceux des premiers : alors que les motifs des petits oeufs étaient fins et délicats, ceux du dernier oeuf semblaient dégager plus de force et de puissance que tous les autres oeufs réunis.
- Ils sont magnifiques, déclara la jeune femme ppleine d'admiration.
- Oui, et c'est moi qui vais m'en occuper, déclara t-il aussi fier qu'inquiet, souhaite moi bonne chance.
- Hey ! N'oublie pas que je vais aussi m'occuper d'un grand bonhomme, répliqua t-elle en souriant, mais ne t'en fais pas, tu vas y arriver, ils ne peuvent pas avoir un meilleur professeur que toi.
Elle se glissa dans les bras de l'elfe, qui répondit en lui caressant la joue :
- J'aimerais vraiment que tu aies raison.
Elle lui sourit puis l'embrasse tendrement :
- Je t'aime.
- Moi aussi, répondit-il.
Elle s'approcha des oeufs, frolla le plus imposant, qui lui répondit par une faible lueur rouge, puis traversa le bosquet et disparut à travers les arbres laissant le jeune homme seul avec les oeufs.
Et les premiers éclats du jour illuminèrent enfin le ciel.
L'elfe s'assit sur l'herbe encore mouillée par la rosée du matin, il leur faudra sans doute du temps pour se réveiller.